Once upon a time ...
- Citation :
Chacun fait à un moment ou à un autre de sa vie, sa rencontre avec l'histoire.
On ne sait jamais par quoi commencer. Mettre un titre, pour quoi faire ? Je pourrai très bien appeler mon récit « Ma vie », mais ce serait fort banal et ne servirait pas à grand-chose. Pourtant ceci est bien ma vie et non celle d’un autre. Vous n’êtes pas derrière une vitre loin de ce monde et spectateur de cette histoire. Vous êtes l’oreille attentive de tout cela, et malgré tout vous faites partis de mon histoire. Parce que chacun de vous a une place. Vous ne vous êtes jamais demandé qui était cette personne présente sur la photo, cette scène que vous avez voulu immortaliser pendant un moment. Puis, quand vous vous retrouvez avec la photo entre vos mains, derrière vous apparait une silhouette, éloignée, dos à l’objectif, et pourtant bien là. Cette personne, même si elle est à la fois loin et proche de vous, elle existe, et fait désormais partie de votre vie, déposant un peu de son être sur un papier brillant rectangulaire. Je vous prie désormais de prendre place dans un des fauteuils qui vous entoure, n’oubliez pas la tasse de thé, de chocolat ou de café et quelques petits biscuits secs. Voici mon histoire, celle dont vous faites partie volontairement ou non.
Petite fille insouciante, souriante et pleine de vie dans le creux de deux plaines, un vent frais venant du nord, prenant vie dans ses cheveux, les faisant bouger au rythme du souffle de ces petits cotons blancs. De ses petits yeux curieux et enfantins, elle observe. Une vie pourtant semblable à chacun devient différente dans son regard. Une interprétation unique, qu’elle seule comprend. C’est cela être un enfant. Cette petite fille, enjôleuse, au regard brun et charmeur, se prénomme Kim. Ou devrais-je dire plus exactement Kimberley. Née lors d’un mois aux trois lettres, à l’époque du muguet et des mélodies d’oiseaux, elle fait le bonheur de ses parents. Tout du moins de sa maman. Son père, aux traits fins et bien dessinés, à la mâchoire carrée et forte, est un bel homme joyeux et enfantin. Jamais sa maman n’avait compris son choix. Elle, plutôt mince et fragile d’apparence, une silhouette fine et élégante pourtant bien banale, une femme naturelle. Elle le savait, il était bien trop naïf et encore enfantin et ses parents n’avaient pas le même avis quant à leur union. Peut être était-ce pour cette raison qu’il les abandonna. Il avait prit ses affaires et, pendant la nuit avait prétexté une urgence – il était chirurgien – mais n’était jamais revenu… Qu’il ait été influencé par ses parents, c’est ce qu’elle s’accoutumait à croire, avec l’espoir qu’un jour il viendrait les retrouver.
Kim grandit. Une petite poussée de soleil, un parfum de fleurs et des jolies formes prennent place dans sa vie. L’absence de son père lui manque, comme tout vide non comblé par le géniteur. Mais elle avance, sa maman lui fournissant comme elle le peut un amour pour deux. Elle hérite du côté enfantin de son père et de l’élégance banale mais charmante de sa mère. Kim est souriante et optimiste et croque la vie à pleine dents. Elle vit dans un petit village haut dans les montagnes. Au dessus des nuages, observant les étoiles même à ciel couvert de moutons blancs. Elle a quatorze ans quand sa maman est victime d’une apoplexie. Une attaque qui lui fait perdre connaissance et qui, pendant un moment, entraine l’arrêt des fonctions cérébrales. C’est à la clinique de son village qu’elle apprendra qu’elle est paralysée des jambes. Ne plus pouvoir courir, marcher. Ne plus sentir l’herbe humide de gouttes gelées au matin et le sable fin de l’été. Lui chatouiller les pieds au plaisir d’entendre son rire n’était plus possible. Et c’est avec un objet noir sur roulettes encombrant qu’elle revint à la maison. Le temps passe, laissant s’écouler les minutes qui paraissent parfois interminables. Le sourire lumineux de sa maman lui donne la force de continuer à vivre et de ne pas passer son temps à s’inquiéter pour elle. A deux, elles avancent vers le chemin du futur…
A 18 ans, une lettre. Un simple écrit et quelques mots. Cette écriture, elle ne la connait pas. Mais sa maman la connait par cœur, elle. Son contenu est chaleureux et doux tout en restant mystérieux et distant.
Bonjour petite fleur,
Peut être m’en voudras-tu de ne pas être là.
De n’avoir partagé aucun souvenir avec toi.
Sache que malgré tout j’ai une pensé pour toi chaque jour.
Ceci est un cadeau. Je n’achète rien, je ne demande rien.
Simplement accepte le, tu en auras besoin.
Dans des moments perdus, souviens-toi du parfum du Mimosa.
Celui que ta maman porte de temps en temps. Embrasse-la pour moi.
Bises.
Ci joint, un chèque. Beaucoup de sentiments, de mots et de pensées ont traversé l’esprit de Kim à ce moment là. En un instant elle ne savait plus où elle en était, elle était complètement perdue. Puis, le temps est passé et elle a apprit à vivre avec ce seul présent de son père. Grâce à cela elle a pu s’inscrire à Harvard, Université très réputée des Etats Unis où elle pourra réaliser son rêve d’être plongée à vie dans la Littérature. A elle d’écrire la suite de son histoire.