Once upon a time ...
Te souviens-tu de la chaleur de l'été sous les arbres du jardin d'Eden ?
La naissance est une chose que je nommerais de fantastique, lorsque soudainement, les cris d'un nouveau né expulse de son corps de l'air qui lui manquait. L'amour attendrit de parents déjà conquis par la tendresse de l'instant, ne saurait que donner à la beauté de l'instant une sublimation bien plus improbable. Ils y en avaient qui voyait les nouveaux-nés, la chair de leur chair, comme la huitième merveille du monde, et de ceux-là je n'en avais jamais compris la vision des choses. Un nouveau né restait un nouveau né, rouge, vibrant de vie, sanglant des chairs de sa génitrice, qui au bout d'heure incommensurable de douleur, oublia la souffrance de l'expulsion pour l'émerveillement et l'adoration. Est-il alors utile de vous décrire ma naissance, car de toute évidence je ne m'en rappel pas moi même. Il serait pourtant appréciable que vous sachiez que je suis né dans la ville de Genève, Capitale de la Suisse, et surtout, décors pour de nombreux films de James Bond. Je suis donc arrivé dans ce monde, ordure humaine parmi tant d'autre, il y a de cela bientôt 19 ans, et je ne saurais annoncer que ce fut le plus beau jour de la vie de mes parents. Ce n'est d'ailleurs pas le cas, et ce qui surpassa mon arrivé dans leur couple, amoureux transit depuis le premier regard, c'est celui de ma jeune soeur : Katelyn. Et celui-ci arriva un matin d'été, alors que dehors les oiseaux sur leur arbres chantaient les louanges du beau temps arrivé. Je ne pourrais dire que je me souviens de tout avec méticulosité, ce n'est d'ailleurs pas le cas. J'avais sept ans, c'était peu dire, et un peu jeune pour comprendre tout ce qui se déroulait sous mes yeux de bambin endormi. Alors que le soleil décliné à l'horizon, les heures s'étant écoulées sans que je n'y prenne garde, je me retrouvais dans la salle d'attente de l'hôpital, avec mon père qui face à moi faisait les cent pas. Des cris soudain se firent entendre de l'autre côté de la porte blanche qui cachait ma mère à mon regard d'enfant curieux. Et ses cris plus que tout autre, me donnèrent l'envie de tendre la main vers le battant et d'ouvrir doucement pour regarder ce qu'il se passait. La curiosité est un mauvais défaut, et je n'arrivais jamais jusqu'à la porte, soudainement retenu par une infirmière au regard mauvais. Je restais donc, sur le côté, attendant que le moment soit venu de voir ce qu'il se passait. Mon coeur battait à cent mouvements à la minutes, et je me sentais défaillir. C'est alors que d'une douce voix, une dame sortit de la chambre et nous autorisa à entrer. Je ne me fis nullement prier, et alors que je pénétrais dans la chambre, mon regard se posa sur le couffin que ma mère tenait entre ses bras pliés. M'approchant, par dessus son matelas trop haut pour moi, je vis alors, la plus adorable et la plus aimante des créatures que dieu eut mis sur mon chemin jusqu'à présent. Ses grands yeux bleus me regardèrent, et je crus alors qu'elle me sourit - sauf qu'un nouveau né ne pouvait pas sourire -. Je vis cependant que quelque chose n'allait pas, et je ne sus si c'était à cause du regard mouillé de ma mère, sinistre de mon père, et des battements irrégulier de celle qui était dés lors ma petite soeur. Malheureusement j'appris ce qu'il en était bien trop tôt à mon gout ...
Te souviens-tu des matins de noël sous la neige parsemée d'étoiles ?
La leucémie est une maladie appelée également cancer du sang ou leucose aiguë des organes hématopoïétiques. Elle se caractérise par une production exagérée de précurseurs des globules blancs dans la moelle osseuse et le sang. Et c'est aussi ce qui en fin de compte m'arracha tout envie de rire ou de sourire lorsque soudainement c'est ma petite soeur qui se retrouva sur un lit d'hôpital. Mais ne commençons pas par la fin de l'histoire, il serait stupide d'en arriver aussi vite à cette fin tragique et si exaltante pour ceux qui en écoute le déroulement. J'adorais ma petite soeur, profondément, réellement. Elle était tout ce qui rendait ma vie magique et farfelue. Elle était belle aussi, plus qu'aucune des filles que j'avais pu rencontrer. J'avais 10 ans, elle en avait trois, et j'étais plus que persuadée qu'elle était la chose la plus parfaite qu'il existait en ce monde. Elle avait trois ans, et rien ne m'avait préparé à ce que soudainement le sourire mutin qu'elle arborait soit remplacé par la souffrance atroce qui fracturait son petit corps enfantin. Je lui souriait pourtant toujours espérant que dans mon sourire elle retrouvera le soutien et la candeur qui complaisaient à son bonheur. Je lui souriait, et le coeur n'y était pas, alors que chaque soir dans mon lit je me faisais réveiller par les pleurs de mes parents, et les cris d'agonies de ma douce soeur adorée. Et je restais des heures à regarder le plafond blanc de ma chambre, y cherchant une réflexion, quelque pensé auxquels me raccrocher. Rien, bordel ! rien ne m'avait jamais aidé à surmonté tout ce qui alors tourmenter mon esprit de grand frère protecteur et faible. Faible, je me sentais d'une inutilité maladive, qui me frustrait plus que jamais plus je ne m'étais senti vide, transparent, inhumain, morne, déjà si proche de la mort. Soupirant, ravalant les larmes je fermais en général les yeux sous la pression du sommeil et me réveillais le lendemain, le visage barbouillait de larmes nocturnes qui épanchaient mon âme. Et ma soeur, de plus en plus, semblait triste, terne. Si proche de la mort déjà. Les mots se perdaient dans le lointain espoir d'un matin radieux. L'année de mes onze ans ce fut la première fois que je voulus croire à l'espoir de Noël. Il neigea ce 24 décembre ci et adossait à la fenêtre, ma petit Katlyne se laissait bercer par le flot de neige qui tombait des lourds nuages se trouvant au-dessus de nos têtes. Prenant place à son côté je la regardais elle, plus magnifique encore que n'importe quelle étoile de cette nuit. Je lui demandais alors ce qu'elle regardait. Se tournant vers moi elle m'offrit se sourire fabuleux que je n'avais pas vu depuis bientôt un an, et surtout son regard s'éclaira d'une lueur merveilleuse : <<
Le Pè'e Noël >> me répondit-elle alors avec toute le sérieux du monde. Et je la crus, pour une fois, je voulais aussi attendre ce gros barbu qui offrait aux enfants tout ce qu'ils avaient mérité. Et ma soeur avait tout mérité sauf ce qui se passa. Trois semaine plus tard, elle était morte.
Te souviens-tu des rires insouciants des enfants dans les rues désertes les soirs d'automnes ? ?
Je ne saurais dire combien de temps je me laissais engouffrer dans la monotonie des soirs d'hivers. Passé 19 heures, je ne bougeais plus, roulé en boule sur mon lit constamment défait, humide de mes larmes qui ne cessaient plus de couler sur mes joues creusées. J'avais même perdu l'appétit, ne nourrissant mon corps que pour survivre, à la demande de ma mère, qui en plus d'avoir perdu sa fille si jeune, été apeurée à l'idée de me voir me laisser dépérir. Je ne pouvais pas lui faire cela, malgré le fait que le sentiment d'inutilité et de remord me torturait l'esprit, malgré le fait que je sache pertinemment que j'étais une sorte de seconde choix, je ne pouvais me résoudre à la laisser, seule, meurtrie, suicidaire. Mais je m'enfermais dans un mutisme constant. Au collège, j'avais de bonne note, parce que je n'y allais que pour écouter. Je ne parlais pas, et à l'époque, je perdis le peu d'amis que je m'étais fait, parce qu'ils me trouvaient chiant à mourir. L'expression était toute trouvée, je ne disais rien, je ne faisais rien, et je restais des heures entières assis dans la cours à regarder le vide. J'avais de bonne note, et le professeurs n'avaient jamais à se plaindre de mon comportement. Aussi ils me laissaient tranquille en général, et aucun d'entre eux n'auraient pu imaginer que je me fasse virer de l'établissement avant la fin de l'année scolaire. C'est aussi grâce à cette éloignement soudain de tout l'activité urbaine, enfermé chez moi, que je découvris le don qui se cachait sous la tristesse et la solitude de mon être. Néanmoins, pour en arriver jusqu'à ce point, je pris conscience de plusieurs chose. J'avais 12 ans. Seul une fois de plus dans la rue pavée de notre allée, lorsque c'est un cris strident de jeune fille qui s'éleva dans la fraicheur de la nuit. Pris d'une soudaine panique, je m'approchais de l'origine de ce bruit pour découvrir une demoiselle qui semblait avoir mon âge, prise au fait de trois mecs de mon établissement. Ils l'entouraient, la regardant de leurs yeux révulsaient pas le désir et le sadisme. Et sans plus attendre, alors même que je n'aurais jamais penser avoir une telle fougue en moi, je m'en approcher, les huant, se tournant vers moi il rirent à mon approche. Et pleurèrent lorsque mon poing s'abattit avec hargne sur leurs nez, leurs ventres, et leurs joues. Aveuglé par l'adrénaline qui dictait mes mouvements fluides, je n'avais que tôt fait d'en mettre à terre alors que les deux autres partaient en courant. Et lorsque j'ouvris les yeux, sortant de la brume, son corps gisait à terre et un râle en sortait, agonis. Puissance, la jeune fille me regardait de loin, me sourit à travers ses larmes et partit. Jamais plus je ne recroisais son regard de braise, mais elle resta graver dans mon esprit. Malheureusement, alors que je rentrais chez moi, subjugué par le souvenir de la demoiselle, j'en oubliais le garçon qui se retrouva à l'hôpital durant des mois. Bien évidemment, il n'échappa pas à l'école que ce fut de ma faute si il s'était retrouvé dans une telle situation, et alors, je me suis fait viré de mon établissement, sans préavis. Mon père me punit durant presque six mois. J'avais pour le moins, interdiction de sortir seul le soir, le week-end, je devais travailler à la maison et surtout je devais avoir les meilleurs notes possibles, il m'inscrit à un cours de guitare - pour que je me défoule - et refusa que je ne parle aux étrangers dans la rue lorsque je sortais avec lui ou ma mère. Je n'avais plus d'ordinateur ni de télévision dans ma chambre, il ne me resta plus alors que ma chaine hi-fi et mon journal intime que je n'avais jamais pris le temps de rédiger. Me levant alors, pour la première fois depuis que j'étais môme, je pris la plume, et gravé de mon nom le petit livre qui bientôt se recouvrira de mes pensés les plus intimes.
Te souviens-tu du doux parfum des jeunes filles en fleurs au premier jour du printemps ?
C'est tout de même effrayant de constater comme la soudaine violence pouvait changer un homme. Ouvrant mon corps à la déchéance, j'avais dés lors entrepris d'ouvrir mon journal pour y poser toutes mes pensés les plus intimes, et bien plus encore. J'y collais des pages de romans qui m'avaient fasciné, de Victor Hugo à Verlaine en passant par Zola. Mais bien trop souvent mes pensés m'amenaient vers le doux minois de ma soeur, et il m'arrivait de me demander à quoi elle ressemblerait si alors elle avait atteint ses dix ans. Belle, je l'imaginais souvent dans une petite robe fleurie, me regardant avec ses doux yeux bleus une expression merveilleuse sur le visage, et il ne me fallait que cette imagine idyllique pour écrire encore et encore des romans entier dédiés à sa beauté. J'écrivais, et la littérature avait fait de moi un homme entier, me rendant la vitalité que j'avais perdu dans sa maladie. Je remontais la pente, et petit à petit sans que je ne m'en rende compte j'avais fais le deuil de ma douce et tendre Katlyne. L'entrée au lycée se fit dans le meilleur esprit du monde, en réalité j'étais plutôt excité à l'idée de retourner dans le doux monde des adolescents. J'avais pris en beauté, en muscle et surtout en style rebel. Je savais que je pourrais très vite devenir un tombeur, et le contact des filles m'avait aussi terriblement manqué. J'aurais souhaité revoir le doux regard de ma nuit de cauchemar, mais frustré de n'en avoir jamais l'occasion c'est sur d'autre que je me défoulais, sexuellement parlant, jamais je n'aurais frappé une femme. Ainsi, je devenais bien vite le coureur de jupons le plus détesté par les demoiselles qui passèrent pas mon lit, mais il me restait mon charme et mon éloquence, et je fus bien vite promu Mister Popularité dans l'établissement. Qu'il était amusant de jouer de mots comme de la guitare, et j'appréciais plus que tout le pouvoir qu'ils avaient sur les autres autour de moi. Je crois que c'est ce qui m'a poussé à relever le défis qui me mena jusqu'à l'université de Cambridge. Ou alors c'était uniquement pour pouvoir prouver à mes parents que finalement j'étais à la hauteur de leur amour et de leur fierté comme l'a été Katlyn dés sa naissance ...