L'amour et la haine sont des sentiments qui s'alimentent par eux-mêmes, mais des deux la haine a la vie plus longue. Je refermai mon livre sur cette très célèbre citation de Balzac. Assise sur mon lit, je regardai l'heure qu'il était. Mon portable indiquait six heures moins le quart. Je m'étais réveillée, il y a moins d'une demi-heure, et avais eu cette inlassable envie de terminer mon roman de chevet. Il me plaisait tant et malgré le fait que j'avais été captivée par le livre, la fatigue de mon corps m'avait rappelé aux bras de Morphée ... J'étais si heureuse de la fin de l'histoire et me promis de passer par la bibliothèque aujourd'hui, pour aller me chercher un autre écrit de chevet. Je restai pensive, réfléchissais quand mon portable indiqua les six heures atteintes de la douce mélodie du concerto en Sol mineur de Vivaldi. J'éteins le morceau d'un toucher léger de l'écran et sortis de sous ma couette.

Je mis mes pantoufles et ouvris la fenêtre de la chambre. Je poussai les volets d'un coup sec et respirai l'air frais de la bise matinale. Je souris et refermai la fenêtre. Je me dirigeai vers la salle de bain et croisant les doigts pour que l'eau chaude soit de retour, je me déshabillai et entrai dans la cabine de douche. Je mis l'eau en marche et en sentant la chaleur des gouttes, je fus rassurée et pris ma douche avec un bonheur indescriptible. Je sortis ensuite, mis une serviette autour de moi, me regardai dans un miroir et commençai à démêler mes cheveux. Puis, je rejoignis ma chambre, et repris mon train-train habituel. J'ouvris l'armoire, choisis minutieusement ma tenue du jour et m'habillai. Aujourd'hui, c'était slim blanc, bustier gris et noir et par dessus, une large chemise argentée. Je mis des escarpins à talons hauts et étais presque entièrement prête. J'allai me sécher les cheveux, me maquiller et mettre mes bijoux dans la salle de bain, retournai dans la chambre pour prendre mon sac et quittai la résidence avant les autres comme à mon habitude.

Je ne marchai pas bien longtemps dans le campus et finis par rejoindre le réfectoire. J'y mangeai un bon petit déjeuner pour retrouver la forme et partis pour une matinée bien chargée de cours. Je commençai par deux heures de sciences humaines en amphithéâtre puis poursuivis par une heure et demi de travaux pratiques d'anatomie pour finir par une heure de mathématique. Je finis vers midi et demi, et mon ventre en appelait à la famine. Je courus jusqu'au réfectoire, pris tout ce qui restait sur mon plateau et dégustais, sans ronchonner, tout ce qui me passait sous la main sans en savourer une miette ...

Sachant que j'avais deux heures de libre en début d'après-midi, je décidai de passer par la bibliothèque pour aller chercher un nouveau livre et pour étudier un peu. Je partis donc en direction de la plus grande bibliothèque d'Harvard sous le soleil tapant du début d'après-midi. J'entrai, déposai mon roman terminé au bureau des dépôts, et partis en quête d'un livre intéressant. Finalement j'en trouvais un, j'allai l'emprunter et finalement partis à la recherche d'une table libre pour travailler un peu sur mon ordinateur. Seulement, à cette heure-ci, presque toutes les tables étaient prises et je ne pus donc pas en trouver une d'entièrement libre. Du coup, je cherchai désespérément une table qui offrait un maximum de place, et finalement, quelqu'un attira mon regard. Devant moi, la face pensive de ma pire ennemie était penchée sur un livre. Je m'avançai donc vers elle, et d'un rire narquois, je lui dis =

« Ah tiens ! Depuis quand les pires garces étudient ? Sauf si c'est un album d'images !

Je m'attendais à des retours importants, peut-être même des coups mais je m'en foutais, elle m'avait cherchée après tout en couchant avec mon petit ami ...

Je ne me souviens plus très bien comme j'en suis arrivée à haïr Kay ... A vrai dire, avant ça, je ne la détestais pas autant ... Je crois que le vrai évènement déclencheur était cette histoire de relation sexuelle avec Alexander. Mais en même temps ce n'était pas ma faute si je n'étais pas prête à en avoir avec lui. Je ne savais pas qu'il pouvait être aussi impatient. Il ne m'en parlait jamais vraiment, peut-être qu'il ne m'aimait pas vraiment, peut-être qu'il ne veut pas finir sa vie avec moi, il veut juste me mettre dans son lit et m'abandonner du jour au lendemain.

Bref, tout ça pour dire que Kay est une sale lâche, une fille à papa qui couche de tous les côtés sans se soucier des relations sérieuses ou non des autres. Elle est égoïste et veut seulement répondre à des besoins qu'elle n'a pas avec son petit ami sûrement. D'ailleurs, je le plains ... J'ai déjà rencontré Johan et je dois l'avouer, il est vraiment malheureux à chaque fois qu'il apprend que Kay l'a encore trompé avec un autre garçon. Mais en même temps, il ne le laisse pas paraître à tout le monde parce qu'il ne veut pas que l'on ne le voit faible. Je ne voulais vraiment pas être à sa place, même si je le comprenais par la façon dont Alexander me disait qu'il avait couché avec Kay, comme si ce n'était qu'un jeu auquel il avait gagné.

Bref, pour en revenir à l'instant présent, je tenais mon ordinateur portable sous le bras, et dans mon autre main, je maintenais fermement le livre que je venais d'emprunter. Kay resta impassible à mes remarques, du coup, je ne cherchais pas aller plus loin. Après tout, c'était elle la garce, pas moi, donc si elle voulait me répondre, c'était à elle de le faire, pas moi ... Du coup, je fis le tour de la table, m'assis en face d'elle, ouvris mon ordinateur et l'allumai. En attendant qu'il affiche mon bureau informatique, je levai la tête vers Kay et regardai le livre qu'elle était en train d'étudier. Je finis par dire =

« Ah ! Tiens, c'est pas du Shakespeare par hasard ? »

Je tenais simplement à maintenir une conversation, mais j'eus l'impression qu'elle le prit très mal. Elle me fusilla du regard sans me répondre, et je pris donc l'initiative de me taire. Je baissai ma tête vers mon écran qui affichait en image de fond une photo de Bliss & moi, et j'ouvris une page Word. Je commençai à taper une introduction à mon devoir de philosophie. Je ne tenais plus à parler parce qu'elle m'en voulait et cela me faisait vraiment rire parce que c'était l'hôpital qui se foutait de la charité. C'était à moi de lui en vouloir ... Finalement, je tapai sur le clavier, avec le maximum de silence possible en jetant de temps en temps des petits coups d'œil vers Kay.

{ eh miss ... révise un peu tes conjugaisons du passé simple. J'arrive pas à lire tes messages parce que c'est abominable ces "marcha", "chanta", "lava" ... Je te rappelle qu'à la première personne du singulier, les verbes du premier groupe se conjugue en -ai donc ça donne marchai, chantai, lavai ... }