Once upon a time ...
Un orpelinat en Angleterre. C’est là que Mickaël a grandit. Beaucoup associent ce mot à des images mornes et tristes, à des enfants misérables abandonnés par des parents irresponsables. Mais ce n’est absoluement pas le point de vue de Mickaël. Là-bas, il avait la plus grande famille dont il n’aurait jamais pu rêver. Il avait des frères et soeurs par centaines, plusieurs parents aimants qui prenaient bien soin d’eux. Et puis le cadre était magnifique, avec d’immenses pelouses vertes et ces adorables bâtiments en brique rouge. Il pleuvait souvent, certes, mais cela ne gâchait en rien la beauté de l’endroit.
Là-bas, les enfants apprenaient rapidement à être autonomes. Mickaël s’épanouit donc tout en devenant un petit homme avant l’heure, responsable et mature, qui n’oubliait cela dit pas qu’il était encore un enfant qui aimait s’amuser. C’est là-bas qu’il apprit tout ce qu’il sait aujourd’hui, et il considère cette période comme l’une des plus belles de sa vie, entouré de proches avec des liens très solides. Mais voilà. Une fois la majorité acquise, l’orphelina ne pouvait plus les garder, et il dut faire ses valises et partir, partir sans trop savoir où aller. C’est alors que l’idée de retrouver sa famille lui vint à l’esprit. Non pas qu’il ait un besoin absolu de connaître ses origines; c’était de la simple curiosité, et puis ça lui donnait un but, plutôt que d’errer au hasard en attendant que le destin s’interpose sur sa route. Il fit plusieurs recherches, abusa de son charme pour obtenir des renseignements interdits, et finit par attérir en Amérique.
Ce fut pour lui très déconcertant, lui qui venait d’une campagne paisible, se retrouver tout à coup au milieu d’une agitation hystérique, entre coups de claxons et cris des marchants de journaux. C’était déconcertant, mais aussi fascinant. Il découvrait là une toute autre vie, très active, très isolée aussi, un rythme plus accéléré, un climat plus tempéré, une médiatisation plus déferlante. Au fond ça lui plaisait, cette rumeur continuelle, comme le souffle de la vie, ces lumières éblouissantes, cette démesure ahurissante.
Il finit par retrouver ses parents, dans une immense villa que mêmes ses rêves les plus fous lui avaient interdit d’imaginer. Il se présenta, expliqua la raison de sa démarche, de sa venue, en insistant bien sur le fait qu’il ne voulait rien d’eux, qu’il n’était venu là que pour mettre un visage sur un nom, se faire une idée de qui était sa famille biologique. Il allait repartir, ses parents l’en empêchèrent. Non, ils ne le ligotèrent pas sur une chaise >< Ils voulaient simplement s’expliquer, expliquer les raisons de leur acte 18 années plus tôt. Et le réponse était leur âge. Ils n’étaient alors que des adolescents, promis à un brillant avenir, bien trop jeunes et immatures pour élever une enfant.
C’était compréhensible, et Mickaël ne pouvait les en blâmer. De toutes façons il ne regrettait rien, il était heureux, et à ses yeux c’était tout ce qui importait.
Puis ses parents naturels se montrèrent si enthousiastes à l’idée de le retrouver, ils se montrèrent curieux à leur tour, curieux de savoir ce qu’il était devenu, de passer un peu de temps avec lui, ils l’invitèrent à rester quelques jours, il resta plusieurs mois.
Il fit également la connaissance de sa soeur, une belle jeune fille qui l’accueillit à bras ouverts dans la famille. Désormais il avait un nouveau foyer, une nouvelle famille. Il entreprit des études, en droit, comme son père, s’initia aux sports extrêmes et en devint accro.
Malheureusement, un jour, un dimanche pour être plus exacte, alors que les quatre membres de la famille faisaient de l’escalade ensemble, une corde se brisa. Lui-même et ses parents, en haut de la petite falaise, dégringolèrent sur plusieurs mètres. La dernière chose qu’il entendit, ce fut le cri de sa soeur, restée en bas à prendre des photos.
Il fut le seul à rouvrir les yeux quelques jours plus tard. Ni son père ni sa mère n’avaient survécu à l’accident. Et voilà qu’il se retrouvait à nouveau orphelin, mais avec une petite soeur cette fois. Une petite soeur qui était tout ce qui lui restait en plus de ses souvenirs. Une petite soeur qui s’est éloignée, imperceptiblement mais sûrement, affectée par ce drame qui avait changé sa vie.